Difficile de dire à quand remonte Moyaux. L’église conserve des parties du milieu du XIe siècle. Mais la dédicace du sanctuaire à saint Germain, un saint très populaire dans les premiers siècles du Moyen Âge, et l’existence d’une voie romaine en limite nord de la commune laissent supposer une origine plus ancienne.

Autour de l’année 1200, des documents révèlent l’existence de Béatrice et de Philippe de Moiaz. Il s’agit probablement des seigneurs de Moyaux. On constate que le nom de la commune était assez différent par rapport à aujourd’hui : « Moiaz ». Les archives médiévales montrent que la paroisse était aussi écrite « Moeaux » ou « Moead ».

En 1204, un probable parent des seigneurs de la paroisse, Richard de Moyaux devient abbé de Bernay. Il contribue sûrement à la transformation de l’église. C’est lui qui aurait notamment commandé au-dessus du clocher l’élévation de la flèche si particulière qui domine notre village.

Sous l’Ancien Régime, Moyaux compte plusieurs seigneurs qui dominent chacun une partie du territoire. Il y a en particulier le seigneur de Moyaux proprement dit, le seigneur du Bosc de Moyaux et celui de la Lande. A cette époque, c’est déjà une localité rurale assez importante puisqu’elle est le siège d’une sergenterie (c’est-à-dire qu’elle accueille un sergent du roi) et d’un doyenné (une circonscription religieuse).

La Révolution française perturbe la tranquillité du village. Des tensions religieuses naissent : la paroisse se retrouve avec deux curés, l’un acceptant de prêter serment de fidélité aux Révolutionnaires, l’autre refusant. Parallèlement, la France est divisée en départements, en districts et en cantons. Moyaux devient chef-lieu de canton. Un statut qu’elle perd quelques années plus tard en 1801.

Au XIXe siècle, le coeur de la commune se transforme. En 1839, la municipalité décide de déplacer le cimetière qui entourait l’église à la limite du village. Débarrassé des monuments funéraires, de son mur d’enceinte et aplani, l’ancien terrain devient la place publique. En 1842, le maire en interdit la traversée aux voitures à cheval et aux bestiaux. En 1873, la place étant souvent boueuse, on décide d’empierrer la surface. C’est peut-être au même moment que des tilleuls sont plantés autour.

Dans la première moitié du XXe siècle, les premières cartes postales donnent un aperçu du village. On y découvre quelques commerces aux vieilles enseignes comme le café-épicerie-mercerie Godey. On y voit des enfants qui jouent devant la mairie, autrefois l’école des garçons. La place accueille quelques années après la fin de la guerre, en 1922, l’imposant monument aux morts. A quelques dizaines de mètres, une éolienne permet de pomper l’eau nécessaire à l’alimentation du château d’eau. Au bord de la route de Thiberville, les lavandières se rassemblent autour du lavoir.

Si certains métiers ont disparu (cordonnier, maréchal-ferrant, droguiste), Moyaux conserve encore aujourd’hui un tissu commercial étoffé. Ces cinquante dernières années, le village s’est transformé en accueillant une population croissante et en se dotant de nouveaux équipements (école, salle polyvalente, gymnase, espace culturel).